L'altruisme

L'altruisme est la recherche *désintéressée* du bonheur d'autrui. Or, rendre l’autre heureux, n’est-ce pas aussi se faire plaisir à soi-même?... Alors, jusqu’où va ce désintéressement inhérent à la notion d'altruisme ?

Relativiser l’altruisme dont nous serions dotés n’est pas supposer que tout ce que nous faisons pour l’autre l’est fait uniquement par intérêt mais que tout simplement nous y trouvons *aussi* satisfaction, donc intérêt quoi qu'on en dise. Quel déshonneur à cela ? Serait-il méprisable d'être heureux... de rendre heureux ?


Selon Émile Littré, l'altruisme provient « de la nécessité d'aimer imposée fondamentalement par l'union des sexes pour que l'humanité subsiste comme espèce ». 

Richard Dawkins, auteur du «Gène Égoïste», considère pour sa part que l’organisme agit dans l'intérêt de ses propres gènes, ce qui l’amène à des actions « altruistes » comme par exemple lorsqu’un individu se sacrifie pour protéger sa famille, sa tribu, il agit dans l'intérêt de ses propres gènes. Cette sélection de parentèle (Hamilton), dont l’exemple probablement le plus édifiant se trouve dans l’instinct maternel, conduit l'action « égoïste » du gène à une action « altruiste » de l’organisme, de l’individu.

Le cancérologue suédois Stefan Einborn observe de son côté qu'une "bonne action" active chez celui qui l'entreprend "une zone liée au plaisir dans le système mésolimbique du cerveau, la même que celle qui est activée par les drogues, la bonne nourriture et le sexe". Toutes les substances psychoactives, y compris tabac et alcool, agissent directement ou indirectement sur les mêmes réseaux de neurones du système nerveux central communément appelés faisceaux ou circuits du plaisir et de la récompense.

Finalement, cette disposition altruiste débarrassée de toute notion d'angélisme ne serait-elle pas le moyen qu’aurait trouvé la nature pour rendre un tant soit peu sociable, donc viable, le produit d'une sélection sévère a priori peu encline à la philanthropie?...  Ou, formulé autrement, ne seraient-ce pas les êtres les moins égoïstes qui se seraient le mieux adapté à l'évolution en privilégiant la démarche sociale ? 

Voila qui va à l’encontre de la doxa libérale selon laquelle, comme le prétend Adam Smith, l’homme travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société en ne cherchant que son propre intérêt.

Voila qui va aussi à l'encontre de la morale religieuse qui ne voit de salut que dans la charité, dans l'action supposée désintéressée...


Oui mais, enfin, est-ce bien le moment de faire de l'altruisme?...
(Renseignements pris, Scott Jones embrasse sa petite amie Alex Thomas frappée par les forces de l'ordre jusqu’à tomber au sol lors d’une manifestation à Vancouver le 22 juin 2011)
janvier 2012

L'ENTRAIDE, UN FACTEUR DE L'ÉVOLUTION

1902, traduit en français en 1904
Pierre Kropotkine, théoricien du communisme libertaire (1842-1921), est géographe, explorateur, zoologiste, géologue et anthropologue. Le thème central de ses travaux concerne l'abolition de toute forme de gouvernement au profit de la libre fédération des producteurs et des consommateurs organisée sur les principes d'entraide, de libre-entente et de coopération.

"L'Entraide, un facteur de l'évolution", expose des exemples de coopérations inter et intra espèces et se veut un pendant des travaux de Darwin, auquel Kropotkine adhère, en s'opposant au darwinisme social. Traitant de la biologie évolutive et de l'étude des sociétés, il pose les fondements d'une « éthique libertaire ».